La présidente de l’Institut Océanographique Paul Ricard et ambassadrice internationale du développement durable, Patricia Ricard, a enthousiasmé les nombreux dirigeants présents au dernier VAR.UP, le 21 mars, à la faveur d’une grande conf’ qui a pris des allures de grandeur nature. Le futur en ligne de mire…
« La nature c’est le futur », brandit comme un étendard Patricia Ricard, petite-fille d’un capitaine d’industrie visionnaire aux fortes racines provençales, dont l’Institut Océanographique Paul Ricard fondé il y a plus de 50 ans sur l’île des Embiez porte le nom. Forte de cet héritage prestigieux elle porte pour sa part, à sa façon, la défense de l’environnement et du vivant. Avec intelligence, sans chercher à culpabiliser mais plutôt à rassembler, y compris le monde de l’industrie, s’impliquant dans nombre de combats globaux à l’échelle de la planète. Notamment au sein du Conseil économique, social et environnemental Français, de 2010 à 2015, pour lequel elle a réalisé un rapport sur le biomimétisme et l’innovation durable, puis en qualité de porte-parole de la plateforme Océan-Climat, consortium de 70 organisations œuvrant pour la protection des océans, entre autres via des passerelles entre scientifiques, politiques, dirigeants économiques. En outre, elle co-dirige le workstream « renforcer la résilience des écosystèmes marins » du One Planet Lab, laboratoire à idées du One Planet Summit.
La pédagogie par l’information et la mise à disposition de connaissances comptent parmi ses atouts majeurs, résultantes d’un profond travail de compréhension, de veille permanente, d’une connexion de terrain avec la réalité, que sert son aisance à faire passer le(s) message(s). Celui sur le biomimétisme est limpide :
« nous nous sommes toujours inspirés de la nature, du vivant, les huttes des premiers hommes ressemblaient à des nids d’oiseaux, les premiers outils volants de Léonard de Vinci à des chauves-souris, l’hélicoptère s’inspire de la libellule… »
Sauf qu’aujourd’hui l’homme doit ajouter une nouvelle dimension durable. « La feuille de route du développement durable des entreprises c’est le fonctionnement de la nature », prône-t-elle, invitant les dirigeants à se diversifier à l’aide de compétences différentes de leur métier d’origine (en particulier scientifiques) afin d’élargir leur créativité. Le Centre d’excellence européen en biomimétisme de Senlis (Ceebios), dans les Hauts de France, propose à ce sujet des traducteurs de la connaissance du vivant pour les entreprises.
Ecosystème planétaire bouleversé
D’une façon plus générale, il est grand temps selon Patricia Ricard de réapprendre à lire le joli livre de la nature avec sobriété. Car ce sont des pages sombres qui se tournent depuis trop longtemps sur terre, comme en mer. On ne parle en effet que d’un seul et même océan dont les propriétés sont édifiantes : 50% de l’oxygène de la biosphère, 71% de la surface de la planète, 23% du stockage de carbone, 97% du stockage de la chaleur atmosphérique résiduelle. « Sans l’océan, nous aurions 5/7° au moins de température en plus ! ». Or, au cours des 200 dernières années, par une démographie exponentielle passant d’1 milliard d’habitants à plus de 7 milliards aujourd’hui (progression en cours), par une consommation sans ménagement de notre environnement, l’écosystème planétaire est dangereusement bouleversé. A tous les niveaux. La température et la chimie de l’eau, milieu stable jusqu’à présent, ont changé, ce qui n’est pas sans impacts sur la vie, « plus l’océan est chaud, moins nous avons d’oxygène… ». Les problématiques environnementales se multiplient et deviennent géopolitiques, migratoires, au gré des évolutions et des dégradations. Quand les poissons fuient les bords littoraux pollués d’Afrique, les populations sont obligées de faire de même, entre autres exemples dramatiques…
Que peut l’homme et à son niveau le chef d’entreprise pour enrayer cela ? « Ce sont les rêves, les visions des hommes tournés vers le bien qui font avancer le monde, clame Patricia Ricard. Travaillons ensemble pour mieux lutter, considérons la transition énergétique comme un tremplin et non plus un obstacle, faisons appel aux sciences du vivant pour éclairer les stratégies d’entreprises et politiques, ouvrons les yeux sur la nature, développons le mécénat environnemental ».
En fait, s’inspirant de la théorie du Colibri, ce petit oiseau qui lâche sa goutte d’eau sur l’incendie, chacun doit prendre solidairement toute sa part…
Repères
- Institut Océanographique Paul Ricard
- Présidé par Patricia Ricard
- Créé en 1966
- Centre de recherche et de lutte contre les pollutions industrielles en Méditerranée
- Ile des Embiez 83140 Six-Fours-les-Plages
https://www.institut-paul-ricard.org
Tél. 04 94 34 02 49