Malgré le mode de fonctionnement toujours dégradé en raison des mesures sanitaires liées au Coronavirus, la rentrée est dense pour le monde économique en général et l’UPV en particulier. A l’approche de Var Up, grand rendez-vous annuel de l’entreprise dans le Var, échanges avec Véronique Maurel, présidente adjointe de l’UPV et présidente de la Cpme Var.
Var entreprises : Véronique Maurel, la thématique de cette 18e édition de Var Up sur la QVT, à savoir la qualité de vie au travail, est complètement d’actualité, bien que choisie en amont de la pandémie. Qu’en pensez-vous ?
Véronique Maurel : « La qualité de vie au travail est en effet plus que jamais indispensable. Cela dépasse largement les nouveaux protocoles sanitaires liés à la Covid. Non seulement il est évident que le bien-être au travail rejaillit sur les performances des salariés, mais cette approche est une revendication de la nouvelle génération. Cela prime désormais dans les recherches d’emplois de la majorité des jeunes.
C’est à la fois dans l’air du temps et probablement durable.
Cette génération mobile devient vite volatile si cette exigence qualitative, flexible aussi, n’est pas remplie. Pour les garder, il faut une osmose. Je suis en phase avec cette évolution consistant à bien travailler tout en s’occupant bien de soi. Lorsque l’on est bien dans sa tête et dans son corps, on n’a pas ou plus la boule au ventre. Cette préoccupation gagne aussi de plus en plus les dirigeants, comme le théorise et le démontre le professeur Olivier Torrès avec son Observatoire Amarok dédié à santé du chef d’entreprise. Avec l’UPV et le président Gérard Cerruti, nous sommes très vigilants sur le sujet. Comme les collaborateurs, nous avons besoin de mieux nous occuper de nous, compte tenu de tous les facteurs de stress et d’anxiété. La différence est majeure entre stress subi et stress choisi inhérent à nos fonctions… ».
VE : Ressentez-vous une importance particulière de ce Var Up dans le contexte actuel de craintes et d’incertitudes ?
VM : « Totalement. Tout en prenant bien évidemment les précautions sanitaires nécessaires, il est important de se retrouver, de montrer que l’on existe, que tout ne s’arrête pas à l’épidémie, d’échanger en parlant d’autre chose, en particulier de nos activités qui font l’économie, d’écouter les autres, y compris à la faveur de conférences et d’éclairages toujours enrichissants. Nous avons été isolés durant des mois de confinement, puis après une courte période de redémarrage, l’été est arrivé avec le ralentissement des vacances, sauf pour le tourisme. La vie continue, nous savons nous adapter, même dans des conditions moins favorables. Il faut refuser de subir et surtout ne pas baisser les bras ! ».
Plus forts ensemble
VE : Globalement, comment se porte l’économie en cette rentrée ?
VM : « Certains secteurs ont bien fonctionné ces dernières semaines, dont le tourisme, d’autres moins, mais le passage en « rouge » du département, qui est un peu le revers de la médaille des zones touristiques, complique la donne pour l’ensemble de l’économie varoise, régionale aussi. Nombre de sociétés sont déjà fragilisées, même avec le PGE (prêt garanti par l’Etat) et demeure sur le fil du rasoir. La Cpme a d’ailleurs demandé sur le plan national 2 ans de moratoire avant les premiers remboursements et un étalement sur 10 ans. Nous attendons la réponse, comme nous attendons les effets du plan de relance. En cette rentrée, nous continuons d’entendre aussi trop souvent les termes de sanctions, voire de flicage. Ce n’est ni un bon signe pour l’économie ni un bon signal pour les dirigeants que nous sommes. Nous avons beaucoup de responsabilités que nous assumons mais devoir sanctionner par exemple un collaborateur négligeant par rapport au Coronavirus est très pénible. Ce n’est pas notre métier, pas notre rôle. Nous essayons de manager nos entreprises, de trouver des clients, de les satisfaire, de payer nos salariés, nos fournisseurs, nos cotisations et impôts… Nous n’avons pas vocation à devenir des shérifs. En tout cas pas en ayant quelque part l’impression d’être sous contrôle permanent. Nous jouons tous le jeu pour protéger nos collaborateurs et conjointement nous-mêmes, c’est évident. Tout le monde est prévenu dans mon entreprise : « si vous avez le moindre doute ne venez pas, testez-vous et au regard des résultats on avisera… ».
VE : Avez-vous un message particulier à faire passer aux chefs d’entreprise en tant que présidente adjointe de l’UPV ?
VM : « L’Union Patronale du Var est là pour aider les entreprises et soutenir l’économie. Nous sommes organisés pour cela, avec des services complets pour agir au plus près des besoins, entre autres en matière sociale et juridique. Ensemble, groupés, nous sommes plus forts et nous avons plus de poids, d’autant plus dans notre économie composée essentiellement de PME et TPE. Ce sont elles qui créent de l’emploi, des richesses, de l’activité. Ce sont elles qu’il faut soutenir aussi, notamment dans l’économie traditionnelle et non pas seulement les startups… Nous surmonterons une éventuelle crise économico-sociale plus grave encore ces prochains mois si nos entreprises ont des commandes, des marchés, par la relance de l’offre et de la demande ! ».