Les entreprises sur le terrain des Ecoles Militaires de Draguignan

L’Union Patronale du Var a réuni au sein des Ecoles Militaires de Draguignan une quarantaine de chefs d’entreprise en première ligne dans les activités de Défense. Les explications remarquables du Général Pascal Georgin et de ses équipes, ainsi que les attentes de chacun, laissent augurer d’autres échanges. Les enjeux sont majeurs.
Au regard des conflits qui se multiplient dans le monde et aux frontières de l’Europe, l’économie de guerre est moins que jamais une vue de l’esprit. La matinée d’échanges organisée par l’UPV le 14 mars dernier, sur le site de l’Ecole d’infanterie et de l’Ecole d’artillerie de Draguignan, était d’autant plus à propos. Placé sous le commandement du Général Pascal Georgin (photo de Une), le site des Ecoles Militaires de Draguignan (EMD), mutualisé sous cette appellation moderne depuis 2010, a pour double mission d’assurer la formation et l’entraînement de tous les postes de commandement des régiments et brigades interarmes de l’armée de Terre, tout en conduisant les études de prospective de la doctrine et des équipements de l’infanterie et de l’artillerie. Implantées sur 60 hectares, les EMD disposent d’installations, d’outils, d’armes et de centres d’instruction de haut niveau, à proximité du camp de Canjuers, de l’aviation légère de l’armée de Terre au Luc et de la Marine Nationale à Toulon.
Au sein de cette place forte de formation et d’information de tous les cadres officiers et sous-officiers de l’artillerie et de l’infanterie, on a ici plus qu’ailleurs conscience de la montée en puissance des dangers dans le monde, matérialisés à nos portes par l’invasion Russe en Ukraine.
Créer un écosystème
Alors que les défis sécuritaires font de la Défense une priorité en Europe compte tenu des derniers événements depuis l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, mais aussi bien entendu en France, deux champs d’action s’ouvrent pour les unités militaires comme pour les industries, le national et le régional, pour ne pas dire le local.
Ainsi, dans le cadre d’une convention entre le ministère des armées et la Région, déclinée en convention armées - collectivités, le souhait émis par le Général Pascal Georgin, également commandant de la base de Défense de Draguignan, est de « dynamiser l’affectation en Dracénie afin de la rendre plus attractive ». Outre les relations tissées avec l’Université (entre autres acteurs) et l’intention de garantir « le plus haut niveau de bien-vivre pour les familles affectées », il s’agit notamment de « développer les liens économiques pour créer un écosystème, comme dans d’autres villes de garnison ». Le constat autour des EMD est rapide : il n’y a rien de tel ! L’ambition est de créer les conditions du changement, sachant qu’ailleurs cela s’est tissé par la volonté politique et l’implication économique.
« Outre la présentation de nos écoles et de nos matériels, cette matinée d’échanges organisée avec l’Union Patronale du Var est l’occasion idéale de faire part de nos besoins, industriels et technologiques, d’écouter les dirigeants présenter leurs savoirs, pour au final créer des synergies. Tout va très vite aujourd’hui. Conjointement aux grands programmes, il nous faut faire preuve d’agilité et profiter des capacités de réactivité dans notre environnement direct. Ce rendez-vous est une première étape, nous allons en prévoir d’autres ensemble, y compris de façon plus ciblée, avec à nouveau des entreprises ».
Tirer dans le même sens
Une satisfaction partagée par les équipes du Général, dont les présentations des forces en présence étaient particulièrement soignées (considérant qu’ils sont responsables de ce qu’ils ont dit, pas de ce que nous avons compris…), et par les chefs d’entreprise qui ont pu à tour de rôle mettre en évidence leurs activités, leurs produits, leurs services, dans une large gamme d’offres. Un moment inédit sous cette forme, assorti de nouveaux objectifs pour transformer l’essai en cluster.
« Pour mieux se connaître, il faut déjà se comprendre », a notamment exprimé Véronique Maurel, présidente de l’Union Patronale du Var et « locale » de l’étape. « Il y a des pépites sur le territoire et il est essentiel de les mettre en lien avec les militaires. Cela manquait. Nous nous nous y employons*. Poursuivons en ce sens ».
Une contribution tout aussi essentielle à la réindustrialisation de la France que chacun appelle de ses vœux et qu’il faut faire vivre sur le terrain, en l’occurrence militaire. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, la Dracénie est justement labellisée Territoire et Industrie par l’Agence nationale de la cohésion des territoires, facilitant le déploiement de l’action publique en la matière. Le privé étant déjà en action, y a plus qu’à…
* Sous la conduite du comité de liaison Défense, le MEDEF a travaillé avec les armées sur un projet de Manifeste « ProMilès » visant à favoriser et à encourager l'établissement de liens directs entre les entreprises et les unités militaires à l'échelon local ou régional, pour contribuer au développement de la cohésion nationale. L’Union Patronale du Var, qui maille le territoire au plus près du terrain à travers ses délégations, organisera prochainement une cession de signatures sous la tutelle du Général Pascal Georgin. Pour tout renseignement, contactez l’UPV, pole.eco@upv.org
Si vis pacem, para bellum (Si tu veux la paix, prépare la guerre)
Quand la programmation militaire fait loi
La dernière loi de programmation militaire a sonné le réveil des troupes, passant de 295 milliards d’euros à 413 milliards sur la période 2024-2030 (dont 9 milliards d’euros profiteront au Var, premier département militaire de France), afin de rattraper les retards accumulés d’une baisse de vigilance (et de moyens donc) au lendemain de la chute du mur de Berlin, de mieux se défendre et à nouveau se projeter. Une question de souveraineté, ni plus ni moins, histoire d’assumer l’héritage de notre grande nation et d’être le second de personne.
Provence Alpes Côte d’Azur est une terre stratégique dans ce contexte, 2e région militaire de France avec 46 000 personnels (36 600 militaires, 9 400 civils), soit 16% des effectifs de la nation. Autour de cette force stratégique, une large filière économique de grands groupes industriels et de PME s’est constituée, représentant une économie de premier plan puisque les revenus liés à la Défense se montent à 6 milliards d’euros (15% du national).
La base de Défense de Draguignan est pour sa part la plus importante de l’armée de Terre. Elle représente 70 entités réparties sur 14 sites, soit 9 300 personnes, tandis que la base Navale de Toulon fait référence nationale avec plus de 17 000 personnels civils et militaires, ainsi que 2 500 entreprises sous contrat avec l’armée.






Présentations d’entreprises, de dirigeants, reportages sur des initiatives privées et publiques concourant à l’activité économique, analyses de conjoncture, retours sur des événements.
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