Quoi de neuf dans l’IA ? Ça « Trump » énormément !

Tandis que Paris accueillait dernièrement son « Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle », partout dans le monde on fait le pari de l’IA, à commencer par le (à) nouveau Président des Etats-Unis, Donald Trump. Quand l’empire contre-attaque, la revanche des sites a sonné…
Faut-il avoir peur de l’IA ? Comme pour le canon, cela dépend si l’on est placé devant ou derrière… Un nouveau paradigme se dessine, faisant accélérer les changements du monde, plus encore et de façon spectaculaire depuis l’élection à la Présidence des Etats-Unis de Donald Trump, à la faveur d’une éclatante victoire qui ajoute de la force à ses velléités hégémoniques. D’autant qu’à ses côtés son conseiller milliardaire, Elon Musk, en charge de l’efficacité gouvernementale dans son administration, détient de nouvelles armes de conquête par réseaux sociaux interposés. En fait, alors que le marché de l’IA poursuit son expansion, certes spectaculaire, d’une façon relativement ordonnée via des plateformes « historiques » comme ChatGPT, on assiste depuis quelques semaines à de grands mouvements débouchant sur l’émergence dans l’écosystème américain d’outils puissants de type Grok 2, disponibles gratuitement sur X (ex-Twitter).
Désormais, toutes sortes de textes et d’images peuvent être générées à partir d’une simple requête, ce qui apparaît formidable en théorie, sauf lorsqu’il s’agit de fake news et autres opérations de déstabilisation en tout genre. Surtout, cette libéralisation du contrôle de contenu est suivie par Meta Platforms Inc., maison mère de Facebook, Instagram, WhatsApp, histoire de ne pas déroger (ni déplaire) à la nouvelle tendance. Son moteur de fact-checking (vérification des faits) a en effet été désactivé dans le courant de la 2e semaine de janvier, à quelques jours de l’investiture du Président Trump.
Propagande revisitée
En définitive, la levée des verrous de sécurité posés sur les outils de réseaux sociaux va servir à mener la politique de désinformation du pouvoir Outre-Atlantique, en vue d’un nouvel ordre mondial, voire d’un contre-ordre. Le récent épisode, monté en conflit, des droits de douanes avec la Colombie, en est l’illustration. Une offensive globale qui fait écho aux démarches similaires de la Russie de Vladimir Poutine, par exemple(s) lors d’élections aux USA, dans notre pays, au moment des JO également…, perturbant fortement les pouvoirs et les équilibres en place, à l’image de l’offensive sur le continent Africain (en l’occurrence au détriment de la France dont l’influence de longue date a volé en éclats). L’Afrique est d’ailleurs aussi visée par la Chine, 3e larron de la « foire » mondiale à la dérégulation. Le positionnement américain est la réponse au déploiement des réseaux russes et chinois qui s’affranchissent de tout contrôle de contenus. Cela constitue une certaine façon de rétablir l’équilibre, si tant est que l’on considère qu’une libéralisation totale amène de la stabilité. Cela se saurait…
Tout ceci est ni plus ni moins que de la propagande, véhiculée facilement à notre époque par les influenceurs, à l’aide de process éprouvés de persuasion facilitant la large diffusion d’opinions, d’idéologies, et au final la manipulation de masses.
Offensive économique
Mais que vient faire l’Intelligence Artificielle dans cette histoire, pouvons-nous nous interroger pour mieux y répondre ? C’est un accélérateur de propagande de contenus, justement. Eu égard aux audiences mondiales, cela permet de toucher, d’impacter les populations les plus sensibles, abonnées aux lignes éditoriales de ces medias sociaux. La Chine a lancé fin 2024, sans qu’on le voie arriver, son « DeepSeek », moteur d’IA à cheval entre ChatGPT et Gemini de Google, outil de conquête et de prise de marché, tandis qu’une réplique russe est en gestation.
Derrière la maîtrise médiatico-politique, l’attaque est conjointement économique, bien plus insidieuse que militaire, par la mise en avant de produits et services qui peuvent aisément et dans les grands volumes concurrencer nos offres européennes et françaises.
Pour autant, l’Europe et la France ne sont pas perdus en la matière, juste en retard à l’allumage. La démission de Thierry Breton de son poste de Commissaire européen en septembre est certes une mauvaise nouvelle, tant l’ancien ministre était influent et vigilant sur ces questions à l’échelon communautaire, mais la France a repris l’initiative internationale en février avec son « Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle ». Les échanges, voulus par le Président de la République, Emmanuel Macron, sous forme de « COP », avaient pour dessein de donner de la vision, de l’ambition, de définir les convergences d’usages et de bonnes pratiques. Une idée force en filigrane, si l’IA doit être accessible à tous, construisons ensemble notre maturité et nos « champions » capables de rivaliser avec ceux des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine. Ainsi, nos solutions IA contribueront à l’évolution des populations et non à leur asservissement !
Contre-attaque éthique
Nos entreprises ont un rôle majeur à jouer dans la prise de conscience collective qu’une vaste bataille s’engage et que l’heure est à la croisée des chemins. « Il ne faut surtout pas arrêter de se servir de l’IA, au contraire, mais nous fédérer pour bâtir et affirmer notre différence dès les infrastructures techniques. Booster notre compétitivité sera bénéfique pour le cercle vertueux que nous prônons et qui peut s’apparenter à un déséquilibre sous contrôle », revendique Alexis Jalley, dirigeant-fondateur d’Acteam-IT dans le Var et dans le Nord. Impliqué à l’UPV et au sein de Numeum, syndicat des entreprises du numérique en France, il a fait partie des grands témoins du Tour de France de l’IA du MEDEF lors de son escale toulonnaise, au siège de l’UPV, le 19 décembre, intervenant sur l’éthique. Un terme employé, au moins sur le papier, lors du fameux « Sommet ». En conclusion de celui-ci, 58 pays, incluant la Chine, la France et l’Inde (deux coorganisateurs de l’événement), l’Union Européenne, la Commission de l’Union Sud-Africaine, ont signé une déclaration pour une IA « ouverte, inclusive et éthique », mais sans les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Ainsi, le Président Macron a annoncé 109 milliards d’euros d’investissements privés en France dans l’IA, principalement dirigés dans la construction de centres gigantesques pour le stock des données, dotés d’énormes capacités de calculs. Neuf pays, dont la France, des associations et des entreprises, lancent « Current AI », entité parrainée par 11 dirigeants de la Tech, dédiée aux investissements pour une « IA d’intérêt général », dotée de 400 millions de dollars en vue d’en lever 2,5 milliards sur 5 ans. L’Union Européenne va mobiliser 200 milliards d’euros dans une alliance public-privé, « EU Champions Initiative », rassemblant une soixantaine de grands groupes industriels et de la Tech.
Enjeu de liberté
Des chiffres qui font tourner la tête, mais attention néanmoins aux revers de médaille de tous ces investissements sur notre sol à travers des gigantesques datacenters. D’abord, une majorité de capitaux étrangers ferait (fait déjà ?) courir le risque de perdre la main sur notre souveraineté dans ce domaine, ensuite ayons bien à l’esprit que l’autre enjeu de ces investissements mondiaux réside dans la délocalisation de production carbone… Nos organisations syndicales patronales, MEDEF et CPME, parties prenantes dans la mobilisation entrepreneuriale au cœur de cette révolution, sont en première ligne de la nouvelle ère, pour ne pas dire guerre. Elles incarnent l’intérêt général des entreprises, de l’emploi, de l’attractivité des territoires, mais aussi de l’économie et en corollaire de la démocratie dans le pays d’une autre déclaration « ouverte, inclusive et éthique » (pour le moins), celle des droits de l’homme et du citoyen ! La liberté en jeu - et pas seulement d’expression - en vaut largement la chandelle.
La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures

Présentations d’entreprises, de dirigeants, reportages sur des initiatives privées et publiques concourant à l’activité économique, analyses de conjoncture, retours sur des événements.
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