Franc succès pour l’étape toulonnaise du tour de France de l’Intelligence Artificielle, le 19 décembre au siège de l’Union Patronale du Var, événement national porté par le MEDEF et Numeum, syndicat professionnel du numérique.
Ce n’est pas le fruit du hasard si Toulon a été choisie parmi les 20 dates du Tour de France de l’IA du MEDEF et de Numeum. D’abord, parce que l’UPV, qui accueillait l’événement est le premier syndicat patronal de France en termes de représentativité, rassemblant MEDEF et CPME. Ensuite, parce ce que Toulon est une terre numérique canal historique, considérant qu’avant l’ère du tout digital l’électronique et l’informatique de Défense « algorithmaient » l’économie locale autour du premier port militaire de Méditerranée. La diversification vers les marchés civils d’un immense savoir-faire s’est opérée à partir des années 90 à la faveur de ce que l’on a appelé à l’époque la fertilisation croisée entre les entreprises, petites et grandes, la recherche et l’enseignement. Cette terre, devenue terroir fertile donc, porte bien entendu le label French Tech et dispose d’un ADN naturellement enrichi par l’IA.
La révolution a déjà commencé
L’Intelligence Artificielle, « une technologie d’anticipation permettant de mieux préparer l’avenir », a affirmé la présidente de l’UPV et de la CPME 83, Véronique Maurel, en propos liminaire de la soirée du 19 décembre, bien placée pour dire que « la science et la technologie sont avant tout au service de l’homme, et de la femme bien entendu, qu’il ne faut pas en avoir peur tout en gardant le contrôle ! Je n’ai pas peur de l’IA parce que je la connais, parce que je la côtoie », a-t-elle expliqué, précisant qu’elle l’utilise au quotidien dans son entreprise varoise qui travaille à la conception et au développement de services et solutions logicielles de traçabilité depuis une vingtaine d’années, dans les secteurs de la viticulture et l’aéronautique, en France et à l’international.
Non seulement il ne faut pas en avoir peur, mais aussi bien prendre conscience de « l’immense potentiel de l’IA pour renforcer la compétitivité des entreprises, pour stimuler la mobilité sociale, pour relocaliser une partie des tâches délocalisées », a renchérit Stéphane Benhamou, président-adjoint de l'UPV et président du MEDEF Var. Une valeur ajoutée importante, primordiale même pour notre souveraineté économique, voire industrielle, d’autant que l’IA générative aiderait plutôt les collaborateurs les moins expérimentés. En outre, selon le rapport du Comex40 du MEDEF, un sous-investissement dans l’IA pourrait avoir des conséquences de délocalisation de services et de fragilisation de l’emploi, de l’économie de notre pays.
L’enjeu est de taille, puisque seules 19% des entreprises françaises utilisent actuellement l’IA, alors que l’Union européenne ambitionne de porter ce chiffre à 75% d’ici 2030. Face aux États-Unis, à l’Inde ou à la Chine, la France doit accélérer pour rester compétitive. L’alternative n’est plus d’utiliser ou non l’IA, mais bien de savoir comment s’en servir et trouver les bons interlocuteurs, tout en accélérant en toute sécurité le développement des usages au quotidien, a notamment évoqué pour sa part Olivier Caluzzo, délégué régional de Numeum Sud. La révolution a déjà commencé, l’IA générative est de plus en plus adoptée dans les entreprises, de nouveaux modèles prennent forme, alors que ChatGPT souffle à peine sa deuxième bougie !
L’humain en cœur de cible
Innovez innovez, il en restera toujours quelque chose, à condition de considérer d’une part le changement comme une opportunité, d’autre part que la valeur d’une idée dépend de son utilisation, sachant, comme dit l’adage, que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme »... A la faveur du Tour de France de l’IA, le tour de table avait pour dessein d’amener de la valeur ajoutée par la compétence, l’information, l’usage et l’échange, réunissant pour ce faire des « Numérisants », à savoir des entreprises qui accompagnent des clients dans leur transition grâce à l’IA, et des « Numérisés », avec de l’intelligence à tous les étages.
A commencer par Alexis Jalley, dirigeant fondateur de ACTEAM IT, société basée dans le Nord et à Toulon. Se définissant comme un créateur de valeur numérique, mais pas à n’importe quel prix, celui-ci fait bien attention de ne pas confondre éthique et étiquette, sensibilisant, parmi les grands enjeux, sur la protection de la vie privée, la responsabilité juridique de l’IA, la lutte contre les discriminations en fonction de l’orientation que l’on donne aux algorithmes. Attention aux détournements d’usage, a-t-il mis en garde !
Marc-Antoine Sulmon, directeur technique de ROFIM (Marseille), société à mission de solutions de télémédecine visant à faciliter la collaboration médicale, utilise de son côté l’intelligence artificielle pour révolutionner le diagnostic médical et éclairer les décisions des professionnels de santé. L’ambition est de faciliter la détection précoce des pathologies, d’optimiser les parcours de soins, de réduire les erreurs humaines… Une activité qui monte en puissance tout en utilisant l’IA en interne sur le juridique, le marketing, la communication, la réponse aux appels d’offre.
Alexandre Berino, directeur « confiance et conformité » d’Index Education, filiale de DOCAPOSTE, qui est elle-même filiale numérique du Groupe La Poste, se sert de l’IA, entre autres applications, pour favoriser les parcours scolaires, offrir des solutions sur mesure pour les élèves, lutter contre le décrochage, mais également pour des développements à destination des personnels.
Côté entités numérisées, Christine le Bihan a témoigné en tant que directrice de Delta Revie 83, service varois d’aide et de maintien à domicile des personnes âgées et fragiles par la téléassistance de proximité 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Une structure pionnière de la téléassistance dans le Var, depuis 47 ans, qui ajouté de l’IA à ses solutions afin de mieux comprendre et analyser les comportements des personnes en question, en affinant la qualité des services. Au cœur de ces avancées sécurisantes, l’humain reste néanmoins essentiel.
Ouvrir le champ des possibles
Représentant la Maison Ravoire, fondée en 1987 et bien connue pour ses vins de Provence et de la vallée du Rhône, Amandine Fleurot a présenté son égérie virtuelle créée en mars dernier, Manon, afin déployer une communication de marque autour de ses Côtes de Provence rosé et blanc éponymes. Une égérie dotée d’intelligence artificielle, déployée autour des paysages de Provence, adaptée physiquement au marché international au gré des continents. Outre la notoriété cultivée, l’innovation est un ici et aussi vecteur commercial fort.
Une ouverture du champ des possibles qui est depuis 25 ans le terrain de jeu du centre de recherche sur le rosé de Provence à Vidauban que préside Jean-Jacques Bréban. Un centre unique au monde dédié au rosé, qui a largement contribué par ses expérimentations, et par sa pédagogie, à son essor. L’IA arrive presque naturellement en renfort de ses travaux afin d’agir sur tous les segments, ou presque, la qualité de vignes et des assemblages jusqu’à la compréhension des attentes du consommateur, en passant bien entendu par l’impact sur les cultures du réchauffement climatique. L’IA peut être un précieux allié, par exemple s’agissant de nouvelles variétés de cépages adaptées à ces évolutions.
Autant de témoignages, de réponses apportées, de questionnements aussi, qui ont brillé par leur intérêt et celui suscité par les intervenants, auxquels ont succédé Agnès Laville, directrice de l’école d’ingénieur en numérique ISEN de Toulon, et Guillaume Perocheau, enseignant chercheur à ses côtés, pour une mini-conférence consacrée à la transformation du monde de la formation par l’IA. Enfin, pour que le tour de table soit complet, Stéphane Benhamou et Olivier Cazullo ont conclu l’étape toulonnaise par des échanges avec les nombreux chefs d’entreprise présents (plus de 200 personnes), histoire de ne laisser personne en rade !
L’un de nos grands objectifs en matière de recherche est de faire en sorte que la recherche comprenne vraiment exactement ce que vous voulez, comprenne tout dans le monde. En tant qu’informaticiens, nous appelons cela l’intelligence artificielle
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