Les risques climatiques sont devenus un enjeu majeur pesant sur l’activité économique et financière. A défaut de cotation verte, la Banque de France déploie un indicateur climat à destination des entreprises permettant d’évaluer le niveau d’exposition à ces risques.
La Banque de France est pionnière sur les risques climatiques, se nourrissant notamment des données et analyses du réseau mondial pour le verdissement du système financier, plus connu sous le nom de Network for Greening the Financial System (NGFS), regroupant 114 banques centrales et superviseurs financiers depuis 2017. Le secrétariat de ce réseau étant hébergé par la Banque de France qui est, en outre, la plus engagée du G20 pour le climat.
Au chapitre des missions issues de la loi Industrie Verte, le Comité de Financement de la Transition écologique a souhaité le 12 juillet 2023 lui confier la définition d’un mécanisme national d’Indicateur Climat pour les entreprises, tandis qu’un amendement au Code Monétaire et Financier lui a donné la base légale pour collecter et diffuser des données de durabilité et évaluer l’exposition aux risques climatiques.
Mesure de (la) maturité
Selon les appréciations croisées de Jean-Luc Moya, directeur de la Banque de France dans le Var, Geneviève Marc, directrice adjointe (à droite sur la photo du haut), et Camille Herveau, experte « maison » en analyses financières et climat pour le Var, « les risques climatiques ont un lien fort avec notre rôle de vigilance d’une part, ainsi que sur la politique monétaire et la stabilité financière d’autre part. Dans le cadre de nos services à l’économie, l’intention est de mettre à disposition gratuitement un indicateur sur la maturité climatique ». Dès 2020, des réflexions ont été menées en ce sens, afin d’évaluer la stratégie de transition de l’entreprise et son exposition au regard de trois volets : un indicateur de transition, un indicateur de risques physiques, un indicateur de maturité.
S’agissant de l’indicateur de transition, en lien avec l’Adème et sa méthodologie ACT éprouvée en la matière, il s’agit de comparer la trajectoire de l’entreprise par rapport à son secteur, sur la base d’actions tangibles, et d’anticiper les normes qui vont s’imposer demain, impactantes financièrement. En fait, l’intention est d’accompagner les transitions et de limiter les contraintes d’un passage vers une économie bas carbone qui se dessine.
Les risques physiques sont les conséquences climatiques sur l’économie selon les zones géographiques d’exposition et leur niveau d’aléas climatiques. A chaque risque correspond un impact financier.
L’indicateur de maturité apprécie la prise de conscience par l’entreprise des enjeux et risques climatiques, son degré de préparation, d’expertise et de gouvernance, son degré d’implémentation par la mise en place d’actions concrètes.
Projet structurant
Les années 2022 et 2023 ont permis de construire le process, de collecter des données, d’effectuer des tests de terrain, avancées poursuivies en 2024 dans trois secteurs d’activité ciblés, à savoir production d’électricité, transports, foncières, touchant environ 2 000 entreprises en France, dont une quinzaine dans le Var et un peu plus d’une centaine en Provence Alpes Côte d’Azur (13 autres secteurs sont en test uniquement sur Paris). Le but est d’élargir progressivement, d’ici 2027, la démarche à 14 secteurs à fortes émissions de gaz à effet de serre couvrant 60% de la problématique, soit 20 000 entreprises.
La collecte de données s’appuie pour les entreprises soumises à CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) sur le socle principal enrichi de questions complémentaires, et pour les autres par des questionnaires depuis l’espace Dirigeant de la Banque de France, à partir de fin 2025.
« Ce n’est pas une cotation verte, car nous n’avons pas d’historique sur les risques liés au climat, mais cela constitue un projet structurant qui répond à la fois à la demande des entreprises, des banques, des assureurs… », affirme Jean-Luc Moya. Sans intention de faire la pluie et le beau temps, l’indicateur climat de la Banque de France peut permettre d’anticiper nombre de tempêtes compte tenu du changement de paradigme en gestation.