La Clinique Saint-Martin d’Ollioules (groupe Ramsay) et l’Union Patronale du Var ont renouvelé leur partenariat visant à prendre soin de la santé mentale des salariés et dirigeants d’entreprises. Le service social Enosys de l’UPV y veille.
Le premier traitement de la souffrance au travail est l’arrêt, ce qui, souvent, ne permet pas de régler le problème, mais juste de mettre de la distance. La reprise est alors compliquée. Les conséquences humaines sont doublées d’un impact social et économiques considérable, estimé à 170 milliards d’euros par an de coût global collectif, dont 126 milliards liés à la perte de productivité ! La santé mentale est ainsi devenue le premier poste de dépense médicale devant la cancérologie et la cardiologie, d’où la prise en considération au plus haut niveau de l’Etat. A défaut de feuille de soin, la feuille de route de Bercy vise à enrayer l’hémorragie.
Celle de l’Union Patronale du Var s’appuie sur son service Enosys de psychologues du travail et d’assistantes sociales, que dirige Isabelle Innocenti, pour agir à l’interface des entreprises, de leurs dirigeants, de leurs salariés. En l’occurrence avec la Clinique Saint-Martin d’Ollioules, établissement de santé mentale privé spécialisé dans la prise en charge de personnes adultes atteintes de troubles psychiatriques et psychosomatiques. Membre du groupe Ramsay, entreprise à mission leader de l’hospitalisation privée en France, cette clinique implantée à Ollioules depuis 1965 déploie une offre experte et complète de parcours personnalisés de soins permettant un rétablissement et une reprise des activités (sociales, familiales, professionnelles).
Prendre conscience
Selon son directeur, Franck Blanc, désormais, on parle de santé mentale et non plus de psychiatrie. Un habillage qui inquiète moins sur la forme, mais ne change rien au fond, d’autant que la situation s’aggrave, accentuée conjointement par la crise Covid, les angoisses du confinement, les questionnements qui ont suivi, la nouvelle organisation du (télé)travail nécessitant encadrement et accompagnement. Bref, la quête de sens met beaucoup de personnes sens dessus dessous….
Bien qu’une « vague » de dégradation massive de la santé mentale, redoutée un temps, ne se soit heureusement pas produite, la mer est néanmoins agitée, en particulier pour le flot de jeunes adultes qui ont pris de plein fouet le confinement, découvrent la guerre à nos portes, vivent au quotidien à l’écoute des réseaux sociaux sans filtre et anxiogènes, reçoivent en permanence des images violentes que la sphère familiale n’arrive plus à tempérer. « La population des 18 - 25 ans que nous recevons a été multipliée par 5 de 2019 à 2023, passant désormais à 10% du total de nos patients. Cela implique une approche particulière, différente des autres générations », explique en connaisseur Franck Blanc.
Si, globalement, 20% des Français sont atteints de troubles mentaux, un arrêt de travail sur deux est lié à un problème de santé mentale (dépression, burnout…). L’un des psychiatres de la Clinique, le docteur Nicolas Bals, différencie deux types de pathologies, l’un d’ordre médical, plus « classique », et l’autre d’ordre social, dont l’expression est croissante, notamment s’agissant de dépressions légères, sans augmentation de la prévalence sur le premier au contraire du second. « Nous mettons des mots médicaux sur des problèmes », qui sont aussi des maux sociétaux, « ne nécessitant pas forcément de traitements médicaux, mais surtout une libération de la parole, sur les situations. Cette parole est même parfois trop ouverte, avec des attentes trop importantes par rapport à la souffrance exprimée. Il y a une formalisation du mal-être et un enfermement par rapport à un besoin permanent, sans beaucoup de solutions », constate-t-il. « Nous pouvons aider, bien entendu, y compris à sortir du tout médicamenteux le cas échéant, mais cela nécessite que le patient soit acteur de son changement. C’est essentiel ». Pour ce faire, entre autres actions, 27 ateliers sont proposés afin de coller au plus près de la pathologie de chacun et selon une gradation étudiée, sophrologie, yoga, théâtre, diététique, café philo, photo langage…
Prendre toute sa part
Cet « aller vers » favorisant l’autonomie est une valeur ajoutée « maison », facilitée par la maîtrise des soins ambulatoires générant une grande souplesse dans le traitement de phases aigües. Une présence de première importante alors que l’offre en la matière, publique et privée, est en grave déficit, dans le Var comme ailleurs, insuffisamment relayée par la psychiatrie de ville (par ailleurs coûteuse). La Clinique Saint-Martin affiche ainsi 1 000 patients par an, 89 lits, 22 places en hospitalisation de jour le matin et autant l’après-midi. Elle lance un projet majeur d’extension de 3 500 à 5 800 m2 qui va débuter cet été (durant 24 à 30 mois sans interruption de l’activité), afin d’améliorer les conditions d’hébergement, le confort de travail, le niveau de prestations, l’accueil inconditionnel des personnes. Un beau cadeau en perspective pour ses 60 ans. Pour ses patients et pour son personnel aussi et surtout, soit 60 équivalents temps plein.
« Ici, l’économique est au service du social », revendique Franck Blanc. Le lien avec le service social, justement, de l’Union Patronale du Var, est d’autant plus évident et facilité. La convention de partenariat, qui vient d’être renouvelée par le directeur de la Clinique Saint-Martin et la présidente de l’UPV, Véronique Maurel, invite les deux entités à mieux se connaître et à renforcer la prévention additionnelle. « Dans le cadre de nos accompagnements, nous sommes en première ligne avec les entreprises, leurs dirigeants et les salariés », confie Anissa Payan, assistante sociale et coordinatrice du service Enosys du syndicat patronal. « En outre, les aspects psychosociaux sont notre cœur de métier. Nous savons identifier les sources de stress au travail, les complexités familiales croisées, les problématiques d’isolement, les risques divers, et accompagner les personnes vers un mieux-être, incluant là aussi l’autonomie. Il est bénéfique pour tout le monde que nous partagions nos ressentis, nos pratiques et des actions communes d’information préventive. Il s’agit parfois simplement de rassurer, de redonner confiance ».
Il s’agit également pour chacun de prendre toute sa part dans cette démarche commune et solidaire, par laquelle les adhérents de l’UPV peuvent bénéficier d’un accès prioritaire d’admission selon les indications du projet médical de l’établissement, dans la limite de ses capacités et disponibilités, mais aussi possiblement d’un conseil ou d’un avis par téléphone, voire, à terme, de téléconsultations.
Une approche clinique de nature à faire mieux apparaître le sens des comportements sur le sujet, depuis les représentations individuelles jusqu’aux avancées collectives.
* En photo, de gauche à droite : Nicolas Bals, psychiatre, Anissa Payan, assistante sociale de l’Union Patronale du Var, Franck Blanc, directeur de la Clinique Saint-Martin