L’UPV dans l’intelligence de situation pour franchir le (handi)cap

20 ans après la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, le regard a changé, la société aussi, mais comme 80% des handicaps beaucoup de problématiques demeurent invisibles. Eclairages avec Marion Le Bihan, assistante sociale du service Enosys de l’Union Patronale du Var.
« Grâce à la loi du 11 février 2005, le regard a changé, c’est indéniable, mais la société en général reste méfiante. La transition n’est pas aboutie, il y a encore beaucoup de travail à faire, en l’occurrence en matière d’emploi… », constate Marion Le Bihan, assistante sociale au service Enosys de l’Union Patronale du Var. Membre active, au nom de l’UPV, de la Cellule maintien en emploi (CME) de la médecine du travail, Odalia Santé, déployée par le docteur Vanessa Trovatello, aux côtés de Cap Emploi et de ses consœurs de la Carsat, elle maîtrise son sujet et porte la bonne parole dans l’entreprise.
« La loi a permis de faire comprendre qu’être handicapé ne se résume pas à un fauteuil roulant et a élargi le spectre aux situations de handicap, considérant que 80% sont invisibles. D’où l’importance de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) qui donne accès à un ensemble de mesures pour favoriser l’insertion professionnelle et le maintien en activité. Beaucoup de gens ont du mal avec le terme. En fait, il faut le reformuler. Quand on parle de problème de santé cela passe mieux ». L’intelligence de situation s’impose pour franchir le (handi)cap, notamment par la sensibilisation.
N'ayez pas peur
C’est l’une des missions phares des assistantes sociales et psychologues du travail de l’UPV auprès des chefs d’entreprises et de leurs salariés, dans le cadre d’interventions collectives qui peuvent se poursuivre en considérations individuelles. « Nous faisons l’interface entre tous les acteurs de la vie professionnelle et personnelle, y compris s’agissant de la difficulté d’accès au logement pour les personnes concernées. C’est le pendant de l’accès à l’emploi. Nous essayons de lever les freins périphériques de façon globale », précise Marion, « y compris sur le plan psychologique. Il reste toujours une part de retenue, côté employés de peur d’être enfermés dans une catégorie, côté employeurs pour des questions d’efficience, de productivité, qui ne sont pas forcément justifiées selon la nature du handicap ».
N’ayez pas peur est le maître mot afin de poursuivre les avancées de la loi, 20 ans après, pour ne pas laisser seules les personnes en situation de handicap, surtout après une inaptitude. La Covid a également accéléré la prise de conscience de la société en général et des gens en particulier dans leur désir de bien-être, au travail comme chez eux. Cette notion se mesure par la montée en puissance ces dernières années des dossiers RQTH instruits au sein d’Enosys, en lien avec la Maison départementale pour les personnes handicapées.
La retraite dans la ligne de mire
Parmi les marges de progrès liées au monde du travail : la retraite… Abaissée à 62 ans à taux plein, elle est affaiblie par le manque d’années de cotisation d’une part et de temps plein d’autre part. Si ce dernier est compensé par les aides en période d’activité, les niveaux bas, et souvent très bas, de retraite ensuite sont un révélateur des insuffisances. Alors que la loi retraite doit être réexaminée ces prochaines semaines, le législateur serait bien inspiré de ne pas passer à côté en regardant ailleurs.
Autant d’éléments, et bien d’autres, décortiqués lors des bilans et analyses du service social de l’UPV, à la fois pour le compte des entreprises adhérentes, mais aussi en interne pour nourrir la réflexion et de nouvelles idées potentiellement portées par le premier syndicat patronal de France en matière de représentativité. « Handicap » étant l’un des chapitres abordés dans son livre blanc paru l’an dernier, « QVCT de A à Z ou le bien-être à la lettre » (lire ci-dessous).
« Handicap»
Désormais, toutes les situations de handicap sont définies et prises en compte : moteur, sensoriel (visuel et auditif), mental ou intellectuel, psychique, cognitif, incluant les maladies invalidantes (respiratoires, digestives), même si le handicap n’est pas une maladie mais sa conséquence. Sans oublier la particularité de l’aidant qui est dans une condition de handicap périphérique. En fait, la situation de handicap, terme consacré, naît de l’interaction entre un individu, ses caractéristiques, son activité et le contexte qui peut être facilitant ou handicapant.
Par ces considérations, le législateur a orienté le regard en question vers l’extension à tout le monde du travail de l’obligation d’emploi de travailleurs handicapés (OETH) à hauteur de 6% de l’effectif total de tout employeur de plus de 20 salariés. A défaut, une compensation financière est versée à l’AGEFIPH dans le privé ou au FIPHFP dans le secteur public.
Près de 20 ans plus tard, quand bien même le cap de l’acculturation a été largement atteint, l’humilité s’impose tant il y a encore à faire. 628 800 travailleurs handicapés étaient employés en 2021 dans les 107 900 entreprises concernées par l’obligation, mais ils sont en moyenne 2 fois plus au chômage que les personnes sans handicap et seulement 1 sur 3 est en poste.
Par la loi, la sensibilisation, la formation, l’information, l’intelligence de situation, au-delà des emplois en milieu protégé ou en entreprise adaptée, des actions se démultiplient dans l’environnement propre d’établissements ordinaires.
France Travail, Cap emploi, les Maisons départementales pour les personnes handicapées ou encore les Missions locales, de même que les assistantes sociales et psychologues du travail, sont des acteurs précieux de l’accompagnement favorisant le recrutement, l’intégration, le maintien en activité, le parcours professionnel des personnes en situation de handicap. La veille informationnelle et de bons relais permanents auprès des chefs d’entreprise sur les meilleures voies possibles sont en la matière essentiels.
La qualité de vie et des conditions de travail s’insinue en filigrane du sujet, tant au niveau de l’égalité professionnelle pour tous que dans l’affranchissement des stéréotypes qui ont la vie longue, notamment par le dialogue. Sachant que les portes d’entrée d’une compréhension partagée sont le dirigeant et les ressources humaines, l’absence de prise en compte managériale de ces enjeux peut vite devenir... handicapante ».
Extrait du livre blanc « QVCT de A à Z ou le bien-être à la lettre » UPV/Enosys x Olivier Réal - éditions capculture
QVT, santé, RSE, économie circulaire, culture…, autant de sujets potentiels, aux côtés de l’actualité d’Enosys, service UPV d’assistantes sociales et de psychologues du travail.
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