« Décryptage de l’actualité économique, sociale et sanitaire » : tel était le thème de la dernière assemblée générale de l’Union Patronale du Var que préside Gérard Cerruti, le 8 juillet au Palais du Commerce et de la Mer.
L’an dernier, alors que la France déconfinée une première fois se trouvait sous le choc de cette crise inédite et internationale, l’assemblée générale de l’UPV s’était caractérisée par un riche temps de réflexion avec le président national du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. Gérard Cerruti, président de l’Union Patronale du Var, est revenu dans son discours introductif de cette assemblée générale 2021 du 8 juillet sur la brutalité qui a frappé le monde, y compris entrepreneurial, au printemps 2020, et sur la réactivité de chacun, en l’occurrence des services de l’UPV. « Création d’une cellule de crise ouverte à toutes les entreprises, adhérentes ou non, dans un élan de solidarité, et qui fonctionne toujours », « services d’assistantes sociales et de psychologues du travail mis à disposition des entreprises et de leurs salariés », « enquêtes, réunions de crise sanitaire en préfecture », « webinaires d’information »…
Cette mobilisation des ressources humaines et de l’expertise « maison » permet l’information permanente des adhérents sur le dispositif de crise, les conditions de travail, les questions de trésorerie, l’activité partielle, les congés, l’embauche, mais aussi les problèmes liés aux risques psychosociaux, les conséquences sur la relation générale au travail. Une organisation exceptionnelle qui dure, corrélée aux difficultés, à propos de laquelle le président Cerruti a réitéré ses remerciements à « toutes les équipes de l’UPV qui se sont dévouées et sont restées sur le pont, ainsi que tous les élus, membres du bureau, administrateurs et délégués qui ont répondu présent à nos sollicitations ».
Rassembler
Malgré l’adversité, la relance est plus que jamais d’actualité et le monde entrepreneurial incarné par ses représentations locales et nationales se fait le relais du grand programme d’Etat via nombre d’initiatives au plus près du terrain. A l’échelle varoise, l’UPV lance plusieurs opérations collectives de remobilisation des entreprises, a annoncé Gérard Cerruti. A savoir : un dispositif de relance des TPME/PME dédié aux diagnostics et perspectives ; « Cap raison d’être » avec le Medef Sud pour une démarche de RSE globale ; un accompagnement des microentreprises avec une plateforme de services spécifiques ; une démarche qualité de vie au travail sur l’ensemble des entreprises, notamment celles de 250 salariés dans la région ; la mise en place du groupement de prévention agréé (GPA) afin de travailler sur la prévention des difficultés des entreprises… Le public des jeunes n’est pas oublié, loin s’en faut, dans le cadre de plusieurs actions autour de l’apprentissage. L’Ecole de la Deuxième Chance du Var, seule de France à être pilotée par un syndicat patronal, s’inscrit en soutien des décrocheurs scolaires de 16/25 ans avec des résultats également uniques, soit plus de 78% de sorties positives. Un modèle qui a enthousiasmé la ministre de l’insertion, Brigitte Klinkert, lors de l’inauguration du bâtiment rénové de l’E2C à la Grande Tourrache. S’agissant des jeunes toujours, l’UPV cherche à toucher et aider les « invisibles », des 16 à 25 ans également qui ne sont ni scolarisés, ni en emploi, ni en formation, absents des dispositifs officiels. Un projet intitulé « Boost’Up » est en gestation, suite à un appel d’offres de l’Etat dans le cadre du Plan d’investissements par les compétences.
L’Union (Patronale du Var) fait plus que jamais la force sur tous ces champs économiques et sociaux, mais aussi concernant les prochaines élections de l’automne à la Chambre de métiers et de l’artisanat sous la bannière UPV/Fiers d’être artisan/CPME/FBTP, puis à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Var sur la liste UPV/MEDEF/CPME « Agir Ensemble ». Des listes soutenues chacune par une quinzaine d’organisations professionnelles solidaires. « La démocratie, c’est aussi le choix de s’unir ! », revendique Gérard Cerruti.
Responsabiliser
Après ce décryptage départemental de choix, Patrick Martin, président délégué du Medef sur le plan national, spécialiste des questions économiques et sociales, a élargi le propos sur l’actualité du moment et à venir, dressant des perspectives forcément conditionnées par la situation sanitaire. Ce président et actionnaire majoritaire du groupe international de distribution de fournitures industrielles et pour le bâtiment Martin-Belaysoud Expansion (197 établissements en France et plusieurs filiales à l’étranger), très impliqué de longue date dans le syndicat patronal, notamment au sein du Medef Auvergne Rhône Alpes, a débuté son intervention par un hommage de connaisseur au président Gérard Cerruti pour le travail accompli qui fait de l’UPV le « fleuron du réseau national, premier Medef territorial de France », et pour l’association exemplaire avec la CPME. Sa présidente varoise, Véronique Maurel, présidente adjointe de l’UPV, a également apprécié le compliment.
Patrick Martin a donc débuté son analyse de la conjoncture actuelle par la question sanitaire, corrélant son issue favorable à la vaccination. « Il est de notre responsabilité et de notre devoir d’y participer. Notre pays ne peut pas se permettre un reconfinement, ce serait fatal », a-t-il expliqué, pour tous les secteurs privés affectés qui sont convalescents et pour les finances publiques. « N’ajoutons pas de la douleur à la douleur… ». Quand bien même une croissance de 6% est attendue, les nouveaux équilibres semblent fragiles et très sensibles aux moindres soubresauts, comme les mauvaises surprises de hausses substantielles sur les matériaux dans les filières industrielles ou les problématiques de recrutements… Une bonne transition vers la réforme de l’assurance chômage et la nécessité de « faire revenir les salariés vers l’emploi », a scandé le président délégué du Medef, expliquant en substance que ce n’est plus possible d’être le pays où l’on travaille le moins, où les congés payés sont les meilleurs, où l’âge de la retraite est le plus bas… La réforme de la retraite justement, lui semble indispensable, « mais ce n’est pas le moment de la lancer. Après les gilets jaunes et la crise sanitaire, il faut consolider la reprise. Mais il faudra la faire, sur des mesures plus paramétriques que systémiques », a-t-il précisé, rappelant l’écart de quelque 4 points entre le niveau de PIB affecté sur ce financement en France et ailleurs dans l’OCDE. 14% contre 10% à 10,5%, soit 100 milliards d’euros par an d’écart. « Insoutenable » pour Patrick Martin.
Rationaliser
Des défis de première importance sur lesquels les entreprises doivent être d’autant plus à la hauteur que la population et les pouvoirs publics semblent attendre beaucoup d’elles, a constaté ce grand patron. Conséquence probable des comportements courageux des dirigeants dans l’adversité. Raison de plus pour « positiver le changement », y compris en « investissant massivement dans les compétences ».
Cela étant, la préoccupation majeure que constitue conjointement l’environnemental est de nature à freiner nombre d’ardeurs compte tenu des décisions contradictoires du législateur. « Personne n’est contre la défense de l’environnement. Quand la loi Climat et résilience prônent des mesures qui vont représenter 30 à 60 milliards d’euros de coûts supplémentaires pour les entreprises d’ici 2030, nous disons pourquoi pas ? Mais que l’on nous explique en même temps comment les financer… ». Quid du zéro artificialisation des sols face à la pénurie de logements, s’est-il également interrogé, pour mieux répondre qu’on ne peut tout demander et son contraire aux entreprises au motif de la transition énergétique et de la protection de l’environnement. Avec « 0,9% des émissions mondiales de CO2 en France, on peut considérer que le problème n’est pas chez nous majoritairement… ». Cela n’empêche pas néanmoins de prendre notre part.
Saluant les syndicats patronaux, les élus, les mandataires bénévoles, qui portent ces messages et bien d’autres sur le terrain, le président Martin a souligné à plusieurs reprises le devoir de rationalité des dirigeants d’entreprises dans leurs champs de responsabilités, vis à vis des salariés, de la croissance ou encore du progrès scientifique et technique…