Serge JACOB est l’actuel secrétaire général de la préfecture du Var, c’est-à-dire le deuxième personnage de cette institution après le préfet. Il est également sous-préfet de Toulon. Il aime son travail, sa mission, il est fier de servir l’État, extrêmement motivé par la réussite des grands projets du Var, apprécie de travailler avec ses interlocuteurs locaux. Il se montre très attentif à la santé de l’économie varoise et à celle de ses entreprises. Il a parlé, lors de cette interview, de « responsabilités exaltantes » – ce sont ses propres mots.
Var Entreprises : Vous restez peu d’années dans chaque poste : est-ce un problème ?
Serge JACOB : J’étais, avant d’arriver à Toulon, directeur adjoint de la protection et de la sécurité de l’État au secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), organisme placé sous l’autorité du Premier ministre. Cette direction a pour mission principale d’animer les politiques interministérielles de prévention et de protection face aux risques et menaces susceptibles de mettre en danger les populations, les infrastructures vitales du pays et la continuité de l’action gouvernementale. Elle est chargée, par ailleurs, d’organiser le dispositif gouvernemental de gestion des crises majeures pour lequel elle prépare et entraîne les plus hautes autorités de l’État, notamment lors d’exercices.
Cette alternance de fonctions entre « administration centrale » et « territoriale » permet aux membres du corps préfectoral de se perfectionner tout au long de leur carrière : dans les ministères, vous participez à l’élaboration des politiques publiques, des lois et des règlements, tandis que, dans les régions et les départements, vous en définissez le « mode d’emploi », vous les adaptez au territoire; chaque nouveau poste vous nourrit, vous gagnez en compétence et vous pouvez ainsi « redistribuer » votre expérience autour de vous.
Var Entreprises : Pouvez-vous nous définir votre mission ?
Serge JACOB : Le secrétaire général coordonne, sous l’autorité du préfet, l’activité des services déconcentrés de l’État pour la mise en œuvre des politiques interministérielles. Par ailleurs, il dirige les services de la préfecture, organisés en direction, en lien étroit avec les sous-préfectures. Il gère le personnel, le budget et les moyens alloués aux directions de la préfecture et aux bureaux des sous-préfectures. De même, il entretient des relations régulières avec les représentants du personnel.
Premier collaborateur du préfet, dont il assure la suppléance, le secrétaire général de la préfecture est en outre sous-préfet de l’arrondissement de Toulon.
Var Entreprises : Et la santé de l’emploi ?
Serge JACOB : On note une tendance à l’amélioration de l’emploi sur le Var, avec -8 % de licenciements économiques, un nombre d’emplois salariés qui augmente de 1,9 %, (BTP et l’industrie : +3,1 % de salariés dans chacune des 2 filières); dans l’hôtellerie, le taux d’occupation a augmenté de 1,3 % et la reconstitution des marges et de la trésorerie se confirme.
Var Entreprises : Pouvez- vous nous parler de quelques-uns des grands projets sur le département ?
Serge JACOB : Je pense bien sûr au chantier de reconversion du quartier Chaluçet à Toulon, au futur « môle croisières », au technopole de la mer, au pôle santé-bien être de Hyères, mais aussi aux effets bénéfiques de l’augmentation du budget des armées sur l’industrie de défense : 112,5 milliards d’euros sur la période 2019-2023, soit 22,5 milliards par an ! Rappelons-le, la défense représente, en France, 4 000 PME-ETI et 200 000 salariés.
Ma mission me met en contact avec de nombreux acteurs économiques, là encore dans le cadre de l’animation interministérielle avec les administrations présentes dans le département et la région, notamment la direction de la coordination interministérielle des politiques publiques et de l’appui territorial (DCPPAT) de la préfecture, l’unité départementale de la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE), Pôle Emploi, Cap Emploi ainsi que les chambres consulaires.
En faisant de l’ingénierie territoriale l’une des missions prioritaires des préfectures, le Gouvernement a voulu répondre au souhait des élus, en particulier ceux des communes rurales, d’être accompagnés dans la mise en œuvre de leurs projets dès lors que ceux-ci sont compatibles avec les orientations nationales et facilitent l’émergence de stratégies de territoires. Les acteurs intervenant dans ce domaine sont nombreux : établissements publics, agences, opérateurs divers, réseaux consulaires, Caisse des dépôts, entreprises publiques et privées, etc. L’État envisage son intervention en complément à la leur, non en substitution. Concrètement, cela signifie, par exemple, que le préfet exerce un rôle de conseil auprès des collectivités pour prévenir les risques juridiques en amont des projets et en cohérence avec le contrôle de légalité, qui reste une mission majeure des préfectures.
En résumé, l’État territorial a pour mission de créer les conditions favorables au développement de l’activité économique en apportant son appui et ses compétences aux porteurs de projets complexes.
Propos recueillis par Françoise Franceschini