La responsabilité sociétale des entreprises est érigée en credo au sein du circuit Paul Ricard et de l’aéroport international du Castellet par Nathalie Reitzer, sa directrice des ressources humaines et du développement durable. Un engagement personnel, professionnel, nourrit par l’éthique et en équipe !
« J’ai le circuit du Castellet qui coule dans mes veines. Je viens de La Seyne, je vis à Bandol, mon grand-père travaillait pour Paul Ricard… ». Avec l’humilité qui la caractérise, Nathalie Reitzer prend toute sa part pour s’inscrire dans l’héritage particulier d’un nom, d’un homme, d’un créateur humaniste, d’un patron social et grand défenseur de l’environnement, dont l’œuvre rayonne dans le monde. Galvanisé par ce passé pour mieux produire le futur en s’appuyant sur les forces et connaissances en présence, son engagement est éthique, aux côtés du directeur général du circuit et de l’aéroport international du Castellet, Stéphane Clair.
La passion des sports mécaniques n’est pas leur seul point commun, et c’est naturellement que les fonctions de directrice des ressources humaines de Nathalie Reitzer, depuis 2008, ont été élargies voici 10 ans au développement durable. Comme la prose de monsieur Jourdain, ils ont constaté très vite qu’ils en faisaient déjà en grande partie, sauf que la responsabilité sociétale des entreprises s’est insinuée alors en transversal. « La RSE englobe tout, revendique-t-elle. Par notre sensibilité partagée nous avons imaginé, co-construit et structuré notre métier de la façon la plus noble possible. D’une part, c’est vital pour la planète, d’autre part, quand bien même les chemins du bonheur sont de plus en plus compliqués, à l’image de la société, nous sommes persuadés que des salariés heureux travaillent mieux ! ».
Ecoresponsabilisation
Dans ce contexte, en éthique et en équipe, elle a fait son apprentissage méthodologique de terrain, créant ses propres process afin de donner du sens aux salariés, de prolonger une histoire devenue un patrimoine territorial faisant la fierté des varois, et au-delà, des Français. Celui de la responsabilité individuelle et collective également. « Nous sommes un lieu de pratique sportive de sports mécaniques, populaire et accessible gratuitement en dehors des grands événements. La préoccupation de l’environnement est d’autant plus importante qu’elle apparaît en théorie antinomique par rapport à notre activité. Notre réflexion dans ce domaine est allée croissante, au fur et à mesure de la mise au grand jour sur le plan mondial de l’ampleur de la dégradation de la planète ».
Une progression dans la compréhension qui s’est accompagnée d’actions endogènes et exogènes. Nathalie Reitzer préside ainsi la commission environnement et tranquillité publique au sein du Groupement des professionnels des sports mécaniques (GPSM), unique organisation professionnelle représentative de la filière. « Nos réflexions sont essentielles pour l’avenir du secteur, notamment s’agissant de nuisances sonores. Nous intégrons d’ailleurs le Conseil national du bruit en vue de travailler avec le législateur à la protection des riverains. Nous avons la chance d’avoir un circuit reconnu dans le monde et de pouvoir montrer l’exemple en matière d’écoresponsabilité. Nous avons déjà créé notre modèle que beaucoup nous demandent d’essaimer ».
Happy vigilance
Cette entreprise de 110 personnes (70 il y a 15 ans) a beaucoup semé en une décennie, produisant sa propre électricité - son électricité propre aussi - en photovoltaïque, qui couvre sa consommation, sachant qu’un vaste plan en cours de déploiement va permettre d’en revendre à tarifs privilégiés aux riverains. « Nous faisons le choix de grandir en investissant de façon durable, en améliorant notre environnement direct, en rendant plus belle la vie, en montrant, nous, PME, que l’on peut ensemble changer le monde de demain, à commencer par aujourd’hui. Pour nos véhicules, par exemple, nous avons du biodiesel fabriqué à partir d’huile de récupération, de biodéchets. Nous voulons décarboner un maximum l’événement sportif et mesurer les conséquences de nos actions en cherchant à comprendre comment on pollue, comment on impacte l’environnement ».
Ainsi, depuis 2015 des ruches ont été installées sur le site pour surveiller la santé des abeilles. Grâce à cet apport, qui n’a pas pour dessein de faire du miel de compet’, on sait désormais que les sports mécaniques ne sont pas nuisibles ici à la faune et la flore locale. Mieux, dans le cadre de l’approche « maison » d’happy vigilance, un espace vert de 3 500 m2 vient d’être aménagé dans l’enceinte du circuit, autour d’un chêne historique préservé, offrant tout le loisir de pique-niquer dans l’herbe conjointement à un véritable intérêt scientifique d’étude de la santé des pollinisateurs et des plantations mellifères. Lesquelles permettent de subvenir aux besoins des abeilles et autres espèces concernées (183 000 euros investis).
Eloge de la vertu
Nathalie Reitzer et ses collègues se piquent ainsi de mieux savoir leur raison d’être, mais également de le faire savoir par une charte écoresponsable encourageant les clients du circuit et de l’aéroport à s’engager au cœur d’un large spectre de thématiques sur une action au moins, en contrepartie d’une réduction éventuelle sur la location de piste. « Nous sommes dans l’écologie vertueuse dont nous faisons l’éloge, montrant que le « tout profit » n’est pas notre quête, ni une finalité. Notre président Jean Alesi, fort de son aura à l’international, porte cette parole et cette avance en RSE pour laquelle nous sommes parfaitement identifiés. Déjà labellisés 3 étoiles par FIA (Fédération internationale de l’automobile) depuis 2019, deuxième au monde et premier circuit en France à obtenir cette accréditation environnementale, nous avons reçu en septembre la certification qualité Iso 20121 dédiée à l’organisation d’événements responsables et durables ».
Une reconnaissance majeure pour une enceinte exploitée quelque 300 jours par an et qui, pour la petite histoire, ne dépend pas de la présence ou non du Grand Prix de Formule 1, dont le retour sur 4 éditions a permis néanmoins d’offrir au circuit une nouvelle visibilité mondiale de sa piste très visuelle, en plus d’être très appréciée par les pilotes, de ses installations modernes, de son exemplarité sociétale.
Fierté partagée
Prochaines marges de progrès, l’aéroport, plate-forme d’aviation privée dont les volumes sont faibles et les impacts déjà réduits, ainsi que le restaurant Panoramic Club surplombant la piste, pour lequel la chasse aux gaspillages est ouverte.
Le circuit du Castellet apparaît dans ce contexte comme « un OVNI » dont la remise en question permanente est consubstantielle à son incarnation, à sa filiation autour de la passion de créer. L’intérêt de chacun dépasse l’intéressement de tous, appliqué d’ailleurs pareillement en redistribution salariale quel que soit le poste dans l’entreprise. « Par cette fierté partagée et les passerelles que nous mettons en place, tout le monde peut se réaliser. Nous prenons soin de la vie des gens, dans l’équilibre entre le professionnel et le personnel afin qu’ils s’épanouissent à tous les niveaux. N’oublions pas non plus que si le sport mécanique est fort en émotions, festif, spectaculaire, la compétition fait appel à ce niveau à de la haute technologie porteuse au fil du temps d’amélioration de la sécurité routière, de nombre d’avancées sur les véhicules qui profitent à la société en général, y compris au développement durable ». Sur ce chemin long et difficile, cette femme engagée, influente, touchée par l’évolution de la planète, rêvant d’une écologie apaisée, dépolitisée et non punitive, garde le cap en toutes circonstances, et en corollaire sa pole position.