L’Ecole de la 2e Chance a ouvert le 3 octobre dernier son campus de La Seyne, dans le Pôle d’activité de Toulon Ouest, 5e site de l’établissement varois adossé à l’UPV. Une présence qui répond à une attente forte, des jeunes comme des entreprises, sachant que cette structure exemplaire de formation et d’insertion est devenue un véritable outil de recrutement (nous reviendrons prochainement sur l'inauguration officielle du 26 octobre).
Le campus de La Seyne sur mer est le 5e de l’Ecole de le 2e Chance (E2C), après ceux de La Garde (siège), Brignoles, Draguignan, Fréjus, et en attendant celui de Cogolin qui couvrira le Golfe de Saint-Tropez. Une chance, comme son nom l’indique, pour les jeunes de 16 à 25 ans qui vont pouvoir bénéficier d’une approche pédagogique d’accompagnement et de coaching éprouvée, à la faveur d’un taux de sortie positive de 85%, soit directement vers l’emploi, soit en formations complémentaires (qualifiantes, diplômantes, contrats d’alternance).
Le 3 octobre, dès la première matinée d’information collective dans les vastes et superbes locaux seynois (1 500 m2), rénovés et loués par le Département sur le Pôle d’activité de Toulon Ouest dans le cadre d’un partenariat particulièrement apprécié, l’équipe de ce campus E2C a pu se rendre compte de l’engouement. Réunis autour du coordonnateur Mathieu Carrelli, Julia, Sitti, Sabrina et Sydney ont reçu 24 jeunes le premier jour, soit quasiment 50% de l’objectif fixé d’ici la fin de l’année (alors que 100 à 150 jeunes sont attendus en 2024). Sydney leur a notamment expliqué avec force de conviction lors du préalable de prise de connaissance qu’il ne s’agit pas d’une école classique, qu’ils sont stagiaires de la formation professionnelle, rémunérés à ce titre, devant effectuer 35 heures par semaine, du lundi au vendredi entre 9 heures et 17 heures, qu’il faut être motivé tout au long de son parcours pour prendre toute sa part dans sa réussite. C’est la clé.
Travail de fond
Ici, on effectue une remise à niveau à visée professionnelle, par une montée en compétences dans 10 domaines, du français au calcul en passant par les techniques de recherche d’emploi, des simulations d’entretien, du sport loisir, de la découverte de métiers, de la construction de son projet professionnel.
Ici, on est à l’écoute des freins à l’insertion, s’agissant de mobilité, d’accès aux droits, de finances, de santé, de logement, d’addiction. Des permanences d’assistantes sociales et de psychologues du travail du service Enosys de l’Union Patronale du Var sont prévues pour aider à comprendre, agir, redonner confiance.
Ici, on travaille sur le savoir-être, complément indispensable du savoir et du savoir-faire, permettant de mettre en exergue les aptitudes et capacités, considérant que 85% n’ont pas de diplômes. Le travail de fond sur les valeurs porte sur le comportement, la posture professionnelle, l’assiduité, la ponctualité, le respect, l’entraide, la résilience, l’altruisme. Une exigence pour mieux gagner et sortir de l’école vers un métier qui sera épanouissant, tout en faisant découvrir l’aspect structurant du travail.
Les profils définis facilitent la connaissance individuelle et l’orientation en fonction des aspirations, mais aussi des besoins identifiés des entreprises, du marché du travail.
Le grand nombre d’entreprises partenaires, soit 420 en 2022 (une des forces du soutien de l’Union Patronale de Var, ce qui est une exception dans le réseau national) contribue à l’acculturation au monde économique et au large spectre de découverte de métiers par les stages, chacun pouvant en faire plusieurs afin de trouver sa voie, y compris par de l’embauche directe.
Richesse humaine
Ce programme ainsi résumé, qui comporte bien d’autres éléments, débouche sur des sorties du dispositif en moyenne en 4 mois, mais il peut durer 18 mois, tandis que l’accompagnement dans l’emploi se poursuit au besoin jusqu’à un an. Le principe reposant sur des entrées et sorties permanentes et non pas à date fixe comme dans l’Education nationale.
Cette transformation de la ressource humaine en richesse arrive en outre à point nommé au regard des tensions sur l’emploi dans quasiment tous les secteurs actuellement. Former, insérer, embaucher est devenu une urgence au regard d’un risque de pénurie doublé d’une recherche d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle qui perturbe l’ordre établi. La nouvelle quête de sens apparaissant comme une des conséquences post-Covid. L’E2C La Seyne prend plus encore sa place dans ce contexte, de même que l’E2C Var dans son ensemble, qui devrait terminer l’année en ayant accueilli plus de 670 jeunes dans le département, dont 25% issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Un record à nouveau battu, comme chaque année depuis l’ouverture en 2017. Tant mieux, il y a tant à faire !
On se lasse de tout, sauf de connaître
Ils, elles témoignent…
> Flore Leggerini, conseillère en insertion à la Mission Locale de La Seyne et Ouest Var, s’est réjouie de l’ouverture sur le périmètre de l’E2C, qualifiant l’école « d’accélérateur de projets ». Les jeunes de ce territoire à cheval sur l’Agglomération Sud Sainte Baume et sur la Métropole Toulon Provence Méditerranée (13 communes) étaient jusque-là orientés à La Garde, mais la distance réduisait le nombre. « Nos jeunes sont motivés, mais les retours des chefs d’entreprises nous font toucher du doigt un décalage de savoir-être par rapport aux attentes. L’une des grandes forces de l’E2C réside dans cette exigence qui tient compte de la réalité. Ils apprennent vite et l’effet groupe accentue la montée en puissance et en confiance. Et puis, un accompagnement 35 heures par semaine, c’est parfait. C’est totalement complémentaire de nos actions et nos échanges réguliers nous rendront tous plus efficaces ».
> Ambre, de Six-Fours, 21 ans, inscrite à la Mission Locale depuis deux ans, titulaire du CAP vente/commerce, est venue à l’E2C La Seyne dès l’ouverture. « Le but est d’avancer dans mon projet professionnel, aller en entreprise, trouver des stages et un métier. L’idéal serait de travailler en animalerie, mais je suis ouverte à plusieurs filières », dit-elle avec détermination.Enys et Liam, de La Seyne, tous deux 16 ans, en provenance aussi de la Mission Locale, affirment leur envie avec une certaine assurance. Le premier a déjà découvert la coiffure, la pâtisserie et la carrosserie mécanique, avec une nette préférence pour ce dernier secteur et l’environnement de l’automobile. En attendant de devenir une grande vedette de foot, cet attaquant en Départemental 1 va droit au but… Le second, passionné de musique, chanteur en devenir ayant envie d’apprendre la guitare et le piano, a lui aussi déjà travaillé sa partition professionnelle par des stages dans la Marine, à l’école des Mousses de Lyon, et dans le Bâtiment, mais souhaite plutôt découvrir le commerce.
> Côté sociabilité, des bonnes bases sont déjà là chez Ambre, Enys, Liam, et seront profitables à tous.
Mise en exergue de l’Ecole de la 2ᵉ Chance (E2C) et de l’Institut méditerranéen du sport, de l’animation et du tourisme (Imsat), de ses formations, de ses acteurs, de ses partenaires.