Sous la conduite éclairée de Joël Oros, Soleil du Sud, le « champion » varois d’installation et de production d’électricité photovoltaïque sur les toits, se fait construire un nouveau siège, toujours à Rocbaron, pour ses 15 ans, afin de mieux répondre à ses besoins de croissance.
« Je suis satisfait », dit avec modestie Joël Oros, évoquant le nouveau siège en construction de son entreprise Soleil du Sud qu’il inaugurera à la mi-mai. A quelques centaines de mètres de son implantation historique dans laquelle il se sentait depuis un moment très à l’étroit, il a en effet acheté les installations d’un ancien concessionnaire automobile. Patience et expérience ont fait la différence pour qu’il emporte la mise sur ce site industriel de Rocbaron le plus convoité du moment. Seule la coque est conservée, tout le reste est rasé et refait, soit 1 200 m2 de bâtiment comprenant tout ce qu’il faut en matière de développement durable, la marque de fabrique « maison », tandis que 1 500 m2 d’ombrières photovoltaïques sont déployées, ainsi que 1 500 m2 de potager bio et d’espaces pour les poules.
« Mes collaborateurs iront cueillir les légumes et ramasser les œufs pour leurs besoins personnels », dit-il avec le sourire. « C’est cela la vraie RSE, il faut faire les choses avec de la perspective, sans effet immédiat, dans le partage ». Le nouvel outil est pensé dans le confort pour tous, y compris pour assumer de futures poussées de croissance. Une denrée cultivée ici avec de la suite dans les idées depuis 15 ans.
Détermination
Le siège en construction se double en effet des noces de cristal de l’entreprise, ce qui ne laisse pas de glace son dirigeant-fondateur quand il remonte le cours des grandes étapes de cette aventure débutée en 2009 après une belle carrière d’ingénieur. La loi qui réglemente le photovoltaïque en France vient alors de sortir et une nouvelle ère s’ouvre. « J’ai inventé le métier de producteur d’électricité indépendant, tout du moins j’ai eu cette impression, sauf que cela existait déjà et je ne le savais pas. Donc c’était bien une invention à mon niveau », s’amuse-t-il. « En fait, j’ai vendu le projet comme cela aux banques, dupliquant un modèle de gestion d’éclairage public que j’avais imaginé chez Vinci, consistant en résumé à se substituer à la commune ». Un vrai concept d’ingénieur, révolutionnaire à l’époque (1989), basé sur des contrats de longue durée, et qui a concurrencé EDF partout dans la région. Bis repetita 10 ans plus tard pour son propre compte, dans le photovoltaïque, à partir de rénovations de toits en mauvais état en contrepartie de mises à disposition des surfaces pour l’exploitation de son activité. « J’investis, je réalise les travaux sur les toits, j’installe les centrales dont j’assure la maintenance, je les exploite et vends du kWh/h. La grande différence avec mes concurrents éventuels réside dans le fait qu’ils externalisent les travaux alors que je les intègre. 0 sous-traitance, cela fait partie de mes engagements fondamentaux ».
Une simplification cartésienne qui semblait partie sous les meilleurs auspices dans l’Eldorado du photovoltaïque à la conquête duquel de nombreuses entreprises se sont lancées, mais cela a déstabilisé l’Etat. Au point de prononcer le 10 décembre 2010 un moratoire sans date de fin précise interdisant toutes constructions de centrales dans l’attente de nouvelles règles. « 4 mois de panique », se souvient Joël Oros, « 95% de la profession ont disparu ! ». Quid de Soleil du Sud ? « J’ai fait front, conservé mes effectifs, partant du principe que dans CDI il y a le terme indéterminé qui ne signifie pas « quand cela m’arrange ». Cela a été d’un grand enrichissement dans la conduite de l’entreprise et le management des équipes. Lors du confinement de 2020, 10 ans plus tard, j’étais prêt à affronter à nouveau l’adversité… ».
Développement
Lorsque la nouvelle donne gouvernementale est sortie au printemps 2010, il était prêt aussi, après avoir fait le gros dos, prouvé quelque part que la misère est moins pénible au Soleil du Sud, et bien pensé le 2e étage de la fusée. En même temps que le marché, sa petite entreprise a décollé, en lien avec le Symielec Var, syndicat regroupant des communes du département à dessein de gérer efficacement leurs besoins de distribution de l’énergie électrique. Lauréat d’une consultation publique, la société de Joël Oros équipe d’un coup en centrales de toit les villes de Gonfaron, Tavernes, Grimaud, Bandol, Evenos, Saint-Antonin du Var, Rocbaron, Mazaugues, La Valette. De quoi bénéficier d’un volume d’activité qui assure une certaine stabilité doublée d’une montée en puissance (…) sereine.
3e étage de la fusée, la SICA Marché aux Fleurs de Hyères. Alors que l’entreprise a déjà réalisé 25 centrales à 100 kW, l’opportunité qui se présente fait plus de 3 mégawatts ! L’affaire se conclut le 29 décembre 2015, faisant rayonner l’entreprise comme jamais, en plus de doubler son chiffre d’affaires, à 5 millions d’euros. Il ne rebaissera plus, d’autant que le « plan export » déployé ces dernières années porte ses fruits. « J’ai toujours gardé les yeux de Chimène pour le Var, département le plus ensoleillé de France », précise Joël Oros. Quand on est dans le photovoltaïque, cela aide… « Des opportunités ont fait que j’ai élargi le champ à la région, hors départements alpins, toujours en travaillant sur les toits refaits à neuf, les quelques réalisations au sol étant anecdotiques ». L’envol est spectaculaire, dépassant les 10 millions d’euros, à 50% dans le Var (son marché « domestique) et autant à l’externe désormais. Les 20 millions sont dans la ligne de mire compte tenu des demandes, à condition de disposer des ressources humaines correspondantes. A la faveur de 18 recrutements l’an dernier, les effectifs approchent les 50 personnes, et cela continue. « Nous avons trois métiers aujourd’hui », explique-t-il : « 70% d’activité concernent nos centrales, 15% en B to B, à savoir des centrales installées pour les autres professionnels qui n’ont pas notre compétence, et 15% en B to C pour les particuliers ».
Durabilité
Une mise en orbite qui n’empêche pas l’éthique, en phase avec l’intégrité affirmée à tous les étages par son dirigeant, formalisée par le passage en entreprise à mission. « J’ai découvert le concept lors du salon « Cap raison d’être » du MEDEF Sud à l’automne 2021. Très rapidement, je l’ai fait mien. C’est Véronique Maurel, devenue ensuite, mi-2022, présidente de l’Union Patronale du Var et dont je suis l’un des vice-présidents, qui m’a dit alors « si toi tu n’y va pas, alors personne n’y va ». Bien lui en a pris ». Avec Marc Guillouet, directeur associé, ils ont procédé comme pour les certifications Iso 9001 et 14001, en écrivant un cahier des charges, en l’inscrivant dans les statuts afin de le rendre incontestable, et en validant l’ensemble par des actes. La raison d’être de Soleil du Sud est de « mettre en œuvre des solutions photovoltaïques durables et responsables. 10 commandements l’illustrent (voir ci-dessous), assortis d’un précepte : « que chacun de mes collaborateurs ait à chaque instant un comportement conforme avec le développement durable », prône Joël Oros.
Raison d’être et avoir raison gardée se conjuguent ainsi au fil du temps…
10 commandements érigés en mission
100% de CDI sans période d’essai ; 100% de panneaux européens (essentiellement français) ; 20% des embauches issues de la diversité ; un bilan carbone bénéficiaire ; des collaborateurs « nourris » au potager de l’entreprise ; 0 sous-traitance dans son métier ; 50% du parc en véhicules électrifiés d’ici 2030 (100% quand cela sera possible) ; 90% des rénovations de toiture associés à des projets de rénovation énergétique ou d’autoconsommation électrique ; 99% de taux de performance des équipements ; 3 prestataires maximum par nature de biens et services et ne pas les challenger.