Quand le président national du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, rencontre son homologue varois et président de l’UPV, Gérard Cerruti, ainsi que sa présidente adjointe et présidente départementale de la Cpme, Véronique Maurel, ils ne se racontent pas que des histoires de patrons ni de présidents. Ils échangent collectivement sur des problématiques de (la) société et de terrain. De l’assemblée générale du 17 septembre devant nombre de leurs pairs à la visite le lendemain de l’industriel Ginouves en passant par le pôle formation de l’UPV, du milieu naturel de l’entrepreneuriat sont sorties nombre de vérités…
« Bravo à l’UPV d’avoir maintenu cette assemblée générale, il faut continuer à vivre, c’est la meilleure façon de faire », a affirmé le président national du Medef, Geffroy Roux de Bézieux, en préambule de son intervention devant les acteurs privés et publics locaux réunis jeudi 17 septembre au Palais du Commerce et de la Mer de Toulon. Commentant la crise, sa gestion, ses conséquences, pour les entreprises comme pour l’Etat, le plan de relance de ce dernier (lire par ailleurs), il a aussi fait part de deux inquiétudes majeures au regard de celui-ci et des lendemains que nous préparons. D’une part sur le verdissement de l’économie, craignant le manque de projets, d’autre part sur l’apprentissage, craignant le sacrifice d’une jeune génération Covid. C’est sur ce même champ de réflexion(s) que l’Union Patronale du Var avait anticipé des visites de terrain le lendemain.
Ginouves, champion (de la transition)
énergétique
Le président de l’UPV Gérard Cerruti, la présidente adjointe et présidente varoise de la Cpme, Véronique Maurel, le secrétaire général Thierry Balazuc, ont ainsi amené Geoffroy Roux de Bézieux chez Ginouves SA, à La Garde, fleuron de l’industrie varoise, acteur incontournable avec sa marque K9 dans la distribution de carburants et combustibles sur le marché français. Le jour de la visite, 18 septembre donc, l’entreprise familiale conduite par François Ginouves (60 personnes, 400 millions d’euros de CA), lançait d’ailleurs la commercialisation de son carburant propre, le K9 B100, 100% biovégétal (à base d’huile de colza), accessible sur toutes les flottes poids lourds. La visite de son dépôt Seveso Petrogarde (dédié pour partie aux stocks pétroliers stratégiques), a permis une discussion de fond sur la transition énergétique, d’autant que Ginouves est largement diversifié en la matière.
Affichant son leadership en avitaillement pour le yachting, dans une zone méditerranéenne qui concentre de mai à septembre plus de 50% de la flotte mondiale de yachts, son implication dans l’aviation, l’industrie, le négoce de carburants, son autre innovation prochaine réside dans l’ouverture le 2 octobre de la première station biogaz naturel pour véhicules.
Une matière issue de la transformation des boues de la station d’épuration Veolia de Fréjus. De matières de discussion, il n’en a pas manqué, sachant que cette nouvelle installation a coûté 1 million d’euros à l’entreprise, en fonds propres. « Quand bien même elle aurait bénéficié de 20% d’aides de l’Etat, son solde net aurait été de 80% », a constaté Geffroy Roux de Bézieux, étayant son interrogation sur le nombre de projets d’entreprises susceptibles d’entrer dans le volet transition énergétique du plan de relance gouvernemental. Ce qui ne l’a pas empêché, loin s’en faut, de louer la vitalité et la force entrepreneuriale de cette remarquable firme particulièrement impliquée dans le mix-énergétique. « Comme vous le disiez hier soir, il faut continuer de travailler, ne pas arrêter d’avancer et oser, c’est ce que nous faisons », a notamment expliqué François Ginouves au président du Medef.
Formations « maisons » en pôle
« On ne doit pas donner un mauvais signal à notre jeunesse », a déclaré Geoffroy Roux de Bézieux lors de l’AG de l’UPV, encourageant les chefs d’entreprises à faire aussi bien qu’en 2019 s’agissant d’apprentissage, soit 490 000 contrats. Les nouvelles aides à l’embauche de l’Etat, jusqu’à 8 000 euros, pouvant faire effet de levier. A travers son pôle formation Imsat – E2C présenté sur le campus de la grande Tourrache, en ZI de Toulon-Est, l’UPV a montré que cette préoccupation n’a pas attendu dans le Var le plan de relance. Elle s’est même inscrite au fil du temps en cœur d’activité. Référencé sur le plan national, l’Imsat, Institut Méditerranéen du sport, de l’animation et du tourisme, est expert éprouvé dans la formation (en majeure partie via l’apprentissage – 200 contrats d’alternance par an, 50 entreprises partenaires…) d’animateurs polyvalents d’activités sportives et de loisirs. Lesquels sont recherchés par les plus grandes enseignes privées de type club ou village vacances et par les collectivités. Une démarche poussée de professionnalisation intégrale, incluant les évolutions de carrières, sous la direction d’Alain Ortali et de ses équipes depuis le complexe sportif toulonnais administré par l’UPV depuis 1979. Cette expérience, cette implication dans l’avenir de la jeunesse et en corollaire des entreprises dont la ressource humaine est motrice (voire matrice), sont déclinées depuis 2017 à travers l’Ecole de la Deuxième chance du Var,E2C, première et seule du genre à être portée par une organisation patronale interprofessionnelle. Pour cela, l’UPV a été sollicitée par l’Etat déconcentré en préfecture, avec le soutien de la Région, afin de mettre en œuvre et de faire vivre le projet.
« Nous avons tout créé de A à Z, a expliqué Gérard Cerruti, tout en nous insérant dans un réseau national. Nous considérons depuis longtemps déjà que les chefs d’entreprises ont une vraie mission vis-à-vis des jeunes, en l’occurrence ceux qui sont mal partis dans la vie et ont besoin d’une seconde chance, justement. Pour les centaines de jeunes (600 par an à l’horizon 2021) qui viennent se former sur nos 4 campus de La Garde, Brignoles, Draguignan et Fréjus (ce qui est aussi une performance unique), trouver leur voie, réaliser un projet professionnel est d’autant plus possible que 300 entreprises partenaires nous suivent. La motivation est présente à tous les niveaux, stagiaires comme encadrants ». Une réponse aux besoins qui s’est adaptée aux contraintes de la crise sanitaire, qui a pu les surmonter aussi avec l’appui, en écosystème, des services de l’UPV le cas échéant (par exemple de la cellule psychologique). Geoffroy Roux de Bézieux a apprécié cette originalité, les nombreux échanges avec les élèves et cette modernité connectée aux recherches des entreprises. Avec ici un supplément d’exigence en savoir être, pendant indissociable du savoir et du savoir-faire.
L’UPV
en modèle à suivre
« Je me nourris de cela », a commenté le président national du Medef à l’issue de ses visites chez Ginouves et dans les structures du pôle formation de l’UPV, mais aussi du dialogue avec les entités territoriales, plus nombreuses d’ailleurs désormais au sein du syndicat patronal national.
« L’UPV est un modèle à suivre, avec beaucoup d’initiatives »
Geoffroy Roux de Bézieux
, a-t-il souligné, saluant la combativité ambiante, le bon état d’esprit, par des gens qui n’ont pas baissé le bras. « C’est dans l’ADN de l’entrepreneur d’être ainsi positif »… Pour sa part, le président Gérard Cerruti, qui a rappelé avec fierté avoir contribué avec l’UPV à l’élection à la présidence du Medef de Geoffroy Roux de Bézieux, a précisé qu’à « Paris on nous écoute et nous faisons passer des messages au nom de nos chefs d’entreprises au plus près des problématiques ». Lesquels messages, comme la délégation nationale resserrée, ont assurément été bien reçus.
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