Pierre Grech : bon sang ne saurait mentir

Directeur général de Grech immobilier, Pierre Grech s’inscrit dans la lignée familiale de ce groupe toulonnais plus que soixantenaire, dont l’intelligence durable de situation n’est pas la moindre des… propriétés.

« Ma grand-mère, mon grand-père et mon père sont arrivés à Toulon en 1962, en provenance de Casablanca », évoque avec fierté Pierre Grech, directeur général du groupe. L’histoire débute en fait dans l’immobilier en 1945 au sein de la ville blanche, mais des freins à la capacité d’entreprendre au Maroc contraignent la famille à rejoindre la France. Tous trois parcourent la côte méditerranéenne entre Nice et Marseille et s’arrêtent au milieu, non pas parce que le meilleur d’un sandwich est au centre (quoique), mais pour y acheter le cabinet Paveto et s’y installer. « Les affaires n’ont fait que croître, grâce aux aptitudes relationnelles hors du commun de mon grand-père, idéales pour un entrepreneur dans les 30 glorieuses, conjuguées à celles de ma grand-mère pour les relations sociales ». L’harmonie entre les origines siciliennes de l’un et espagnoles de l’autre s’érige alors en alchimie entrepreneuriale en terre toulonnaise.

La promotion immobilière connaît à l’époque un formidable essor, auquel Maurice Grech participe activement localement, en particulier à la faveur de la sortie de terre de la Zac de la Rode, devenue un grand quartier de Toulon. Bernard, le père de Pierre, entre à son tour en jeu à partir 1977 et s’attaque à la commercialisation de programmes neufs et au développement de la promotion. Une grosse crise en 1981 lui permet d’éprouver dans l’adversité ses capacités de chef d’entreprise et de pivoter vers une diversification d’activités, entre gestion et syndic de copropriété, ventes et achats immobiliers, administration de biens (puis immobilier d’entreprise depuis quelques années), tout en s’impliquant beaucoup dans la vie publique, entre autres mandats au niveau du réseau Orpi qu’il préside de 1992 à 2005.

Dimension affective

Pierre Grech arrive dans la « maison » en 2007 et en même temps dans un contexte où il va devoir se faire un prénom. « Depuis tout jeune, c’était une évidence tant j’étais attiré par les métiers de l’immobilier, mais je craignais d’être catalogué comme le « fils de », voire le « petit-fils de ». Revers de la médaille, il est toujours plus long et plus compliqué de devoir faire son chemin ainsi. J’en ai pris mon parti et, à la fin de mes études de droit, j’étais très content de rejoindre l’entreprise familiale, compte tenu de notre proche relation avec mon père et mon grand-père. L’envie de perpétuer leur œuvre faisait sens pour moi et la motivation demeure intacte aujourd’hui. Il m’importe de mesurer la croissance depuis les débuts de mon grand-père. Cela me procure à la fois une dimension affective et une grande énergie ». Un supplément d’âme qui dépasse le business pour se transformer en accomplissement personnel.

Promoteur à l’origine, tout en créant le service marketing, Pierre Grech a depuis 17 ans touché à tout, ou presque, dans l’entreprise, passant son temps à faire des choses dont il n’avait auparavant aucune connaissance. Avec l’obligation de les faire (très) bien inhérente à la pression pesant sur celui qui doit montrer l’exemple de la compétence au travail. Qu’à cela ne tienne, le sujet est (très) intelligent et franchit toutes les étapes avec de la suite dans les idées, se jetant à corps perdu dans l’aventure. « Cela m’a révélé un tempérament de leader que je ne me connaissais pas. Or, j’adore m’occuper des autres, manager à ma façon, dans une approche qui ressemble à ma personnalité ! ». C’est-à-dire dans la douceur et la discrétion, ce qui n’empêche pas d’avoir du caractère et de l’autorité. Petit à petit, au côté du père Pdg, toujours passionné près de 50 ans plus tard, il détermine le type de société vers laquelle il veut tendre.

Approche sociétale

« Je souhaite que l’on prenne collectivement en considération le fait que l’entreprise est cette bulle où l’on travaille dur, dans le stress et la tension, certes, mais aussi dans le respect de tous et des valeurs de l’autre, vers un intérêt général partagé. Le recours au service social Enosys de l’Union Patronale du Var est d’ailleurs un précieux appui dans la gestion des ressources humaines d’un groupe comme le nôtre de 60 personnes et 5 agences » (Toulon - siège, La Valette, Solliès-Pont, La Londe, Six-Fours). D’autant que la période Covid a bouleversé la donne à plusieurs niveaux. D’une part concernant l’appréhension du travail et la notion de quête de sens qui s’insinue ; d’autre part sur le marché de la transaction immobilière qui est monté très haut puis a chuté violemment.

« Il y a un volet conjoncturel dans cette problématique, lié à l’inflation, à la hausse des taux, des coûts de matériaux, de l’inquiétude aussi par rapport aux conflits aux portes de l’Europe, mais aussi un volet structurel autour du logement, caractérisé notamment par une population active en perte de mobilité. L’absence de production de logements neufs a inévitablement un impact sur le prix de l’ancien, sur sa disponibilité aussi. Le marché du logement a besoin de fluidité, contribuant au développement des territoires, à la dynamique économique. Il faut une offre saine, ce qui n’est pas le cas, créant même une forme d’injustice intergénérationnelle. Nous sommes en plein décalage entre l’économie de l’usage et l’économie de possession. Or, il y a un vrai besoin de devenir propriétaire de la part d’une population qui a le sentiment de vivre moins bien que ses parents. C’est nouveau et c’est une évolution sociétale dont nous devons tenir compte ».

Engagement personnel

L’évolution sociétale en question, d’un point de vue global, et les enjeux économiques en particulier, Pierre Grech essaie de les accompagner en s’engageant à son tour dans la vie publique. En l’occurrence à la Fnaim s’agissant de son secteur, en qualité de juge au tribunal de commerce de Toulon dans son environnement direct, mais aussi au bureau de l’Union Patronale du Var, à la demande de la présidente, Véronique Maurel, et du secrétaire général, Marc-Antoine Moché, toujours à l’écoute des personnes qui souhaitent s’investir et aider à se réinventer dans un monde sans cesse en mouvement.

« J’ai le souhait d’être utile, d’apporter une part d’expertise, de juger en droit et dans la clarté au tribunal, dans la compréhension des histoires d’hommes et de femmes qui entreprennent. Concernant l’UPV, j’ai été surpris par cette sollicitation et j’en suis également très honoré. Je suis attaché au Var et amoureux de Toulon. Ce territoire mérite plus encore de développement, de création d’emplois, de richesses ». Et désormais pour ce faire, que Pierre participe à l’édifice… !

L’immobilier ne peut pas être perdu ou volé, et il ne peut pas être emporté. Acheté avec bon sens, payé en totalité et géré avec raison, il est le placement le plus sûr au monde