À 1 000 mètres d’altitude, au coeur de la petite Suisse varoise, dans les terrains limoneux qui bordent ruisseaux et rivières, pousse une star des tubercules. Pulpeuse à souhait, pas bégueule pour un sou, elle livre sa chair à toutes les cuissons et à toutes les sauces et donne le sourire aux gastronomes les plus avertis : gloire à la pomme de terre Mona-Lisa du canton de Comps-sur-Artuby. Un chef d’oeuvre potager que n’aurait pas désavoué le génial Léonard de Vinci.
Cette belle réussite agricole est née bizarrement d’une grande offensive militaire, comme le raconte Jean-Guy Rebuffel, producteur à la Roque-Esclapon : «Au milieu des années soixante le projet de camp militaire de Canjuers, avec son emprise de 35 000 ha sur des terres traditionnelles de pâturages, a fait peur aux agriculteurs du canton qui vivaient essentiellement de l’élevage des moutons. Pour sauvegarder leur avenir ils ont décidé de se lancer dans la culture de la pomme de terre bien acclimatée ici. Ils ont choisi de planter la Mona Lisa, une variété bonne à tout faire en cuisine ».
Gros efforts pour l’irrigation
La pomme de terre ayant besoin régulièrement d’eau, il a fallu faire d’importants efforts pour l’irrigation. Cela a pu se réaliser sous l’égide du Conseil Départemental du Var par le biais de l’ASADIZ (Association Syndicale pour l’Aménagement et le Développement de l’Irrigation en Zones sèches du Var). « Trente projets ont pu être ainsi concrétisés, subventionnés à 75% : des retenues d’eau, des forages, etc… » précise Jean-Guy Rebuffel qui a pu, pour sa part, réaliser un petit lac artificiel pour ses cultures. Grâce à ces travaux, une quinzaine d’agriculteurs produisent aujourd’hui quelque 2500 tonnes de pommes de terre, essentiellement de la Mona Lisa, mais ils s’emploient désormais à diversifier leur gamme avec les variétés Amandine et Rosa Belle. Et leurs champs s’ouvrent aussi à la culture du pois chiche et de la lentille verte. Les périodes de sécheresse comme cette année posent problème même s’il existe une autorisation pour pomper dans la rivière Artuby, mais elle actuellement proche du seuil de tolérance. Des études sont ainsi en cours pour créer de nouvelles retenues d’eau.
Vendues sur les marchés de producteurs
Les pommes de terre se récoltent courant septembre pendant une quinzaine de jours. Une cueillette mécanisée mais qui pourtant n’est pas sans poser des problèmes aux agriculteurs comme en
témoigne Jean-Guy Rebuffel : « Même pour la cueillette mécanisée il nous faut de la main-d’oeuvre et nous avons bien du mal à en trouver ».
Quoi qu’il en soit les débouchés pour la pomme de terre de montagne du canton de Comps sont eux sans souci. La production est vendue entre 1 € et 1,5 € le kilo sur les marchés de producteurs à
Roquebrune-sur-Argens, Callian et Fréjus et au M.I.N. de Nice.
Repères
Pour faire connaître la pomme de terre du canton de Comps, Jean-Guy Rebuffel et son épouse ont eu la bonne idée en 1995 de lancer à La Roque-Esclapon, le troisième dimanche de septembre, la fête de la patate. Un rendez-vous gourmand et festif devenu une date incontournable dans le Haut-Var et qui fêtera le 17 septembre prochain sa 23ème édition.
Contact :
200 Chemin de Riphle 83 340 La Roque Esclapon
Tél. : 04 83 11 13 88
Email : rebuffel.jean-guy@orange.fr
PR.